DISCUSSION
L’IPJ est une articulation charnière synoviale, permettant la flexion et l’extension (amplitude = 0° à 100°-110°). La plaque palmaire aide à maintenir la stabilité de l’IPP dans le plan antéropostérieur et empêche l’hyperextension de l’IPP. La plaque palmaire est une condensation multicouche de tissu fibrocartilagineux située entre les tendons fléchisseurs et la capsule palmaire de l’IPJ. Elle naît de la phalange proximale et s’insère sur la phalange moyenne. À son origine proximale, il présente des prolongements appelés « ligaments checkrein », qui s’attachent au périoste de la phalange proximale adjacente à l’extrémité distale de la poulie A2 (Fig 1). Les ligaments collatéraux (ulnaire et radial) contribuent également à la stabilité de la PIPJ.1
Anatomie de la plaque palmaire.
Les blessures par hyperextension forcée et soudaine et parfois par écrasement de l’IPJ peuvent entraîner une rupture partielle ou complète de la plaque palmaire et des collatérales. Les lésions de la plaque volaire se produisent plus fréquemment chez les jeunes patients, en particulier ceux qui pratiquent des sports de main/de contact. Dans la plupart des cas, la rupture de la plaque palmaire se produit de manière distale, au niveau de la fusion plus faible avec la phalange moyenne, alors que les ligaments de la checkrein, plus forts, se rompent rarement. La lésion de la plaque palmaire peut se produire lors d’une fracture par avulsion, le plus souvent à la base palmaire de la phalange moyenne (Fig 2). Une subluxation/dislocation de l’IPJ peut également se produire.2
Radiographie démontrant une fracture par avulsion de la plaque palmaire (Eaton type 3a).
Le diagnostic de la lésion de la plaque palmaire est basé sur l’histoire et l’examen. On observe une sensibilité maximale sur l’IPPJ palmaire, une douleur lors de l’hyperextension passive du doigt blessé, une possible instabilité de l’IPPJ et une perte de puissance de pincement. La radiographie peut diagnostiquer une fracture avulsion à la base de la phalange moyenne palmaire et identifier une subluxation/dislocation de l’IPPJ. Il existe plusieurs systèmes de classification ; deux des plus utiles sont (i) la classification d’Eaton et (ii) la classification de Keifhaber-Stern (tableau 1).3,4 Pour la classification d’Eaton de type 1-3a et la classification de Keifhaber-Stern stable ou ténue, une gestion conservatrice est la plus appropriée. Cela implique que les lésions impliquent moins de 30% à 40% de la surface de l’IPJ et sont réductibles en moins de 30° de flexion. Dans ces cas, on commence par une attelle avec une immobilisation bloquant l’extension (IPPJ en flexion de 20° à 30°) (Fig 3). La mobilisation est initiée avec une attelle de protection au fur et à mesure que le gonflement se résorbe.3,4 Pour les Eaton de type 3b et les Keifhaber-Stern instables, le traitement chirurgical est recommandé. Cela implique que les blessures impliquent plus de 40% à 50% de la surface de l’IPJ et sont irréductibles ou nécessitent une flexion de plus de 30° pour réduire le fragment. Dans ces cas et dans les blessures ouvertes, une réduction ouverte et une fixation interne à l’aide de différentes techniques sont nécessaires.3,4 Cela peut inclure une arthroplastie de la plaque palmaire, une fixation par vis du fragment palmaire et/ou une broche en K pour stabiliser temporairement l’IPPJ. À l’occasion, les fractures intra-articulaires comminutives peuvent être gérées par une traction de fixation externe dynamique, par exemple, un cadre de Suzuki.5
Immobilisation d’une lésion de la plaque palmaire avec une attelle de blocage de l’extension (articulation interphalangienne proximale en flexion 20°-30°).
Tableau 1
Systèmes de classification des lésions de la plaque volante
Classification d’Eaton des blessures de la plaque volante3 | |
Type 1 | Avulsion de la plaque volante sans fracture ni luxation | Type 2 | Dislocation dorsale complète sans fracture et avulsion de la plaque volante |
Type 3a | Fraction-dislocation avec <40% de la surface de l’IPJ avec la partie dorsale des ligaments collatéraux restant attachés à la phalange moyenne (stable) |
Type 3b | Fracture-luxation avec >40% de la surface de l’IPJ avec peu ou pas de ligament restant attaché à la phalange moyenne (instable) |
Catégorie de Keifhaber-Stern des lésions de la plaque volante4 (modification de la classification de Hastings) | |
Stable | Fracture par avulsion. impliquant < 30% de la base articulaire de la phalange moyenne |
Tenu | Fracture par évulsion impliquant 30%-50% de la base articulaire de la phalange moyenne ; réduit avec <30° de flexion |
Instable | Fracture par avulsion impliquant <50% de base articulaire de la phalange moyenne mais nécessite > une flexion de 30° pour maintenir la réduction |
L’IPPJ indique l’articulation interphalangienne proximale.
Une prise en charge conservatrice des lésions fermées et stables de la plaque palmaire (par exemple, Eaton type 1-3a, ou Keifhaber-Stern stable ou ténu) avec une attelle et une thérapie manuelle semble conduire à de bons résultats6. Pour ceux qui nécessitent une intervention chirurgicale, les résultats en termes d’amplitude de mouvement semblent meilleurs si la chirurgie est effectuée dans les 4 semaines suivant la blessure (85° PIPJ en moyenne contre 61° en moyenne si l’opération est effectuée après 4 semaines de blessure).7 Les blessures non traitées peuvent entraîner un dysfonctionnement chronique de l’IPPJ provoquant une subluxation de l’articulation, ce qui donne au patient une déformation en col de cygne. Les conséquences peuvent également inclure une contracture de flexion avec une amplitude de mouvement réduite et une faiblesse de la préhension.8 Ceux-ci peuvent alors finalement nécessiter une arthrodèse ou une arthroplastie.
La lésion de la plaque volante englobe un spectre de lésions des tissus mous et osseux au niveau de l’IPPJ généralement dues à une hyperextension. La compréhension de l’anatomie de la plaque palmaire et l’utilisation de systèmes de classification peuvent guider une prise en charge appropriée. Une mauvaise prise en charge ou un traitement tardif peut entraîner des problèmes chroniques de l’IPPJ, notamment une raideur, une subluxation et des déformations en col de cygne, ce qui entraîne une faiblesse de la préhension et un mauvais fonctionnement.