Introduction
L’incision et le drainage chirurgicaux sont une procédure courante effectuée par un clinicien formé afin de drainer une collection d’exsudats (pus) d’un espace fascial dans la région de la tête et du cou. L’intervention implique une dissection chirurgicale aiguisée ou non, une irrigation, la pose éventuelle d’un tube de drainage et une suture. Dans certains cas, le recueil stérile des exsudats avant la dissection aiguë est recommandé pour la culture et l’analyse de sensibilité des exsudats.
Contexte
La technique d’incision chirurgicale et de drainage est réalisée par des cliniciens ayant une formation chirurgicale. La complexité de la procédure est souvent le facteur déterminant pour savoir si elle doit être réalisée par un médecin généraliste ou un chirurgien. Une compréhension approfondie de l’anatomie locale, la connaissance des problèmes médicaux et dentaires du patient, l’interprétation radiographique et la capacité chirurgicale sont des modalités nécessaires à la prise en charge correcte du patient. Si l’un de ces domaines est limité ou compromis, le risque et les complications pour le patient peuvent être graves. Par exemple, faire une incision vestibulaire buccale adjacente à la région de la première et de la deuxième prémolaire mandibulaire sans tenir compte de l’emplacement du foramen mental et du faisceau neurovasculaire, pourrait entraîner une anesthésie (engourdissement complet) de la lèvre, du menton et de la gencive du patient de ce côté.
Recherche
Dans un article de Martin et al 1, les auteurs ont constaté que le drainage d’un abcès odontogène peut réduire la durée de l’antibiothérapie chez la plupart des patients à environ 2 à 3 jours. Cette étude contribue à renforcer le concept selon lequel « l’élimination de la source » de l’infection, par incision chirurgicale et drainage (éventuellement combinée à une extraction) permet une résolution plus rapide de l’infection avec un besoin réduit d’antibiothérapie à long terme.
Procédure
Avant d’effectuer une incision chirurgicale et un drainage sur un patient, une histoire médicale et clinique approfondie ainsi qu’un examen clinique détaillé doivent être réalisés. 2 Les radiographies sont utiles pour déterminer l’origine dentaire potentielle de la lésion. Si les films ordinaires ne sont pas clairs ou ne permettent pas de diagnostiquer la source de l’infection, une radiographie plus détaillée peut être nécessaire. La connaissance de l’anatomie régionale est cruciale pour éviter les complications iatrogènes (causées par le clinicien) suite à la réalisation de la procédure d’incision et de drainage.
La procédure globale peut être résumée dans l’ordre suivant :
- Création d’un plan chirurgical pour le drainage de la lésion dans la position la plus » dépendante » (apex de la formation de l’abcès).
- Une aspiration appropriée doit être réalisée tout au long de l’intervention.
- Palpation du site de collecte des exsudats ou de formation de l’abcès.
- L’administration de l’anesthésique local doit impliquer des blocs régionaux, en évitant le site de collecte des exsudats dans un premier temps, puis une injection superficielle au niveau du site d’incision prévu. Il n’est pas nécessaire d’injecter l’anesthésique local dans l’abcès.
- À l’aide d’une lame chirurgicale # 15 neuve/stérile, créer une incision nette de 1 cm (ou moins) au site de collecte des exsudats le plus dépendant, à travers les deux couches de tissu muqueux et sous-muqueux.
- Puis, à l’aide d’un hémostatique droit ou légèrement incurvé, effectuez une dissection émoussée dans la lésion, en entrant et en sortant de la plaie avec les becs des hémostatiques en position « fermée » et avec une aspiration constante pour éviter l’aspiration des exsudats.
- Irriguer la plaie chirurgicale ouverte avec environ 50 cc de solution saline stérile et une aspiration constante pour éviter l’aspiration.
- Si nécessaire, insérer un drain de Penrose de 0,5 cm dans le site chirurgical et le fixer à la muqueuse à l’aide d’une suture en soie de 3,0 pour permettre un drainage résiduel. Coupez le drain de Penrose à la longueur appropriée pour éviter toute interférence occlusale.
- Si un drain est placé, il doit être surveillé avec un suivi quotidien et retiré lorsqu’il n’y a pas de signe de drainage résiduel – généralement entre 24 et 72 heures.
- Placez une gaze au niveau du site chirurgical et fournissez au patient une gaze stérile supplémentaire à utiliser jusqu’à ce que l’hémostase soit obtenue en postopératoire.
Note : Dans certains cas où une culture et un test de sensibilité sont nécessaires (c’est-à-dire, pour un abcès chronique résistant réfractaire à une antibiothérapie empirique), une aspiration de la lésion peut être nécessaire. Cette aspiration est effectuée à l’aide d’une aiguille stérile de 16 ou 18 Ga fixée à une seringue de 5 cc. Les étapes 1 à 4 sont réalisées, suivies de l’insertion de l’aiguille dans le site de collecte des exsudats et de l’aspiration d’un petit échantillon à des fins d’analyse.
Questions controversées
L’un des sujets de discorde les plus courants associés à cette procédure est de savoir s’il faut d’abord initier une antibiothérapie empirique et retarder l’extraction de la dent ou l’incision chirurgicale et le drainage. L’objectif de tout clinicien, lorsqu’il est confronté à un patient présentant un abcès odontogène, devrait être d’éliminer la source de l’infection.2 Cela n’implique pas toujours l’extraction de la dent, mais peut impliquer une procédure de pulpectomie combinée à une incision locale et un drainage. Une antibiothérapie appropriée – y compris un dosage et un intervalle d’administration adéquats – est également un ajout important au succès global du traitement.